vendredi 22 avril 2016

Conseils municipaux du mois de mars 2016


 Orientation budgétaire et présentation budgétaire 2016
Conseils municipaux du mois de mars 2016

La politique en bon chef de famille consiste-t-elle à faire tenir les séances de conseil en une heure ? On peut dire que le conseil municipal se soucie davantage des frais de baby-sitters de ceux qui y assistent que de la richesse des approfondissements politiques…
Le Maire emploie dorénavant le féminin des noms de fonction, 
mais tient toujours autant à ce que l’opposition soit d’accord avec lui: 
ce qui change, ce qui ne change pas…
En effet, pour parler budget, le conseil municipal sait faire des économies, même si en réalité celles-là ne sauraient faire partie de quelconques promesses de campagne: absentéisme pour les uns, unique question diverse pour les autres, souci de la majorité et de l’opposition de nous épargner les détails du budget …


Le consensus a certes du bon, et on sait la passion que nourrit le maire pour la contradiction inexistante, mais caresser le pouvoir en place dans le sens du poil n’est pas toujours la meilleure façon de faire avancer la conscience démocratique : avoir une opposition, c’est devoir creuser, s’expliquer justifier, bref, n’oublions pas que l’argumentation est au cœur même de la démocratie, et que c’est le sens même de la pluralité d’une assemblée telle que le conseil municipal. Romorantinais, êtes-vous encore représentés au Conseil Municipal ?

Rappel : le budget est toujours voté en mars et doit être précédé d’une présentation des orientations budgétaires. Cela doit permettre une démarche transparente, au cours de laquelle les conseillers municipaux examinent et discutent les choix proposés, notamment ceux de l’opposition. Normalement, c’est une occasion de montrer sa vision politique de la gestion municipale et de définir concrètement, du moins par les chiffres, les projets que l’on veut porter. Cela passe aussi par l’examen soigneux des choix du maire en place pour souligner les manques, les domaines abondés trop ou trop peu.
Le conseil municipal devrait présenter le travail réalisé en commission, afin que les citoyens soient informés des enjeux débattus.


Revenons en arrière, le 11 mars avait lieu la présentation des orientations budgétaires pour 2016, le 30 mars celle du budget prévisionnel lui-même. C’est un moment très important de la vie municipale, qui fixe le cadre financier à l’intérieur duquel les autres délibérations seront discutées et votées pendant toute l’année.
Réglons donc la question du Front national : ses deux représentants absents le 11, seule la tête de liste le 31 (comme au temps où il n’y avait qu’un seul élu…) presque muet, et qui vote sans expliquer ses absentions… Soit 25 % de présence réduite à chauffer une chaise, pour un moment essentiel de la vie municipale. Quel mépris pour les électeurs !

Revenons à quelques chiffres du budget : maintien des taux communaux d’imposition ; près de 3 millions d’euros d’excédent de fonctionnement (écart positif entre les recettes et les dépenses) ; excédent reversé vers les dépenses d’investissement qui seront ainsi supérieures à celles de 2015 ; faible emprunt avec maintien d’un taux d’endettement inférieur au taux moyen des villes équivalentes.
De quoi faire répéter au maire qu’il s’agit d’un excellent budget, « tous les voyants étant au vert », comme l’a repris la presse locale, ainsi que la maire adjointe au budget sur les réseaux sociaux, remerciant même l’opposition de voter pour son travail (ne faisant que relayer le maire pendant le conseil, en somme).

Rions un peu…
« Restaurer notre église, c’est toucher au plus profond de notre âme », de qui vient cette phrase ? Gabillas ? perdu ! Redon ? perdu ! Un adjoint ayant oublié sa laïcité au placard ? encore perdu !
Mais si, allez, vous avez trouvé - il n’y en a qu’un pour oser ce genre de phrase de toute façon !

N Focus : Les orientations sont présentées par Sylvie Baudat, maire adjointe (Finances et budgets). Elle présente les objectifs comme des engagements afin de préserver à la fois la fiscalité et les investissements.
Le niveau d’autofinancement de la Ville permet d’investir notamment dans : la fabrique Normant, Saint-Marc, l’usine de traitement des eaux, l’église Saint-Etienne, la porte des Béliers, les Favignolles, et l’adaptation de deux écoles aux normes d’accessibilité pour le handicap (maternelle des Tuileries et Louise de Savoie).


L’opposition de droite, dite « ensemble pour Romo » a effectivement exprimé son bonheur. Elle a notamment salué et goûté la compression salariale et la baisse des subventions aux associations, par lesquelles on obtient en partie, l’excédent de fonctionnement.

Rions un peu… Le lapsus de Redon montre à quel point l’opposition contrarie elle-même la position qu’elle occupe : « je salis ces chiffres » corrigé bien vite en « je salue ces chiffres ». L’opposition existe-t-elle ? Oh non, surtout cachons la polémique que nous ne saurions voir !
La ligne générale plaît beaucoup à l’opposition, ce qui peut apparaitre comme paradoxal, mais qui souligne une démarche politique à double face : jouer le jeu politicien qui consiste à construire son arrivée au pouvoir en inspirant confiance, en défendant le rassemblement, et affirmer sa différence le moment voulu. Où est la sincérité ?

Pour la droite locale comme nationale, l’austérité, c’est toujours la bonne direction. Et comme le maire s’engage enfin dans cette voie, il s’en trouve récompensé ! La droite vote pour les orientations le 11, et pour le budget le 31. Le tout en moins d’une heure, sans examen ni discussion de fond. Les élus nous dispensent de tout au conseil municipal : de la lecture du détail des chiffres, donc de l’information ; de la discussion. Bref, la démocratie est en option. Une suggestion : dispenser tous les élus municipaux d’assister aux séances en permettant le vote électronique – M. de Redon, qui a l’habitude de pianoter sur son téléphone pendant les réunions, ne verra peut-être pas trop de différence.

Commentaire de Dialogues à gauche sur le fond :
Bien sûr, nous nous réjouissons du maintien des taux locaux d’imposition. Car il serait insupportable de réduire encore le pouvoir d’achat en berne des Romorantinais, par une augmentation des impôts. Bien sûr, il est profitable aux entreprises locales de maintenir un bon niveau d’investissement. Sur ces deux points, nous sommes d’accord avec les propos du maire tenus le 31 mars. 
Mais quel a été le prix à payer pour l’excédent de fonctionnement tellement vanté ? Une compression de la masse salariale, cela signifie des emplois supprimés. Lesquels ? Sont-ils non reconduits ? S’agit-il de départs en retraite ? Quels critères sont-ils retenus ?
Réduire les subventions aux associations pose forcément des questions, et des questions précises : lesquelles ? selon quels principes ? les bons choix ont-ils été faits – les citoyens ne seront pas en mesure à l’issue du conseil de le savoir, chacun en jugera donc à l’aune de l’association à laquelle il est attaché… Sur le fond, on porte atteinte à la vie associative, sel du dynamisme romorantinais… On en revient au problème de l’austérité qui met à mal le tissu social et donc notre vie quotidienne. Avec moins d’argent, fait-on aussi bien ? Les associations seraient donc des profiteuses de subventions dont elles n’auraient pas besoin ? (Le maire a souligné que les subventions avaient été baissées quand les trésoreries étaient pleines). Le raisonnement est forcément fallacieux. Pourtant on se garde bien de poser ce genre de questions au conseil municipal, car qui s’écarte du consensus reçoit une volée de bois vert. Or on préfère garder sa dignité devant le conseil que devant les électeurs. D’ailleurs eux-mêmes pourraient préférer les édiles sachant rester « dignes », plutôt que ceux qui acceptent de prendre tous les coups nécessaires pour faire avancer le débat (aucun ne répondant à ce critère parmi les élus romorantinais).

Rions un peu (ou pas) : Quand Lorgeoux répond à Redon pour lui montrer que la fabrique Normant ne coûtera pas trop au niveau personnel, il avoue penser déjà au personnel qu’il y placera, ceux dont la santé ne permet plus de faire autre chose que de la surveillance. En revanche, il faudra externaliser le service entretien. Libérales et paternalistes, les bontés comptées de notre sénateur-maire…

Le saviez-vous ? L’excédent de fonctionnement est obtenu, alors même que l’Etat baisse ses dotations de fonctionnement (- 600 000 euros pour Romorantin), au nom des politiques d’austérité que notre Europe demande d’appliquer. Et cela devrait continuer. Avec moins de recette de l’Etat, ce sera, pour maintenir l’excédent de fonctionnement, encore plus de compression salariale et de réductions des subventions aux associations, pour les années futures. Aucun conseiller n’a semblé voir le mur dans lequel nous nous projetons, l’air satisfait et en accélérant.
COP 21 de papier ? Ce n’est pas la logique la plus durable… !
Et les dépenses d’investissement, qui pour plus de 50 %, vont à Romo 1 en 2016 ? Peut-être est-ce excessif, a dit l’opposition de droite, qui aurait ventilé des dépenses autrement. Comment ? Nous ne l’avons pas su au Conseil.

Par exemple, après la COP 21, passée seulement de quelques mois, n’y avait-il pas un consensus pour mettre les collectivités locales sur la voie de la « transition » : développer les circulations piétonnes et cyclistes, les transports en commun, favoriser l’agriculture de proximité et encourager la reprise des entreprises agricoles existantes, mettre en place des circuits courts pour la restauration collective ? Quelque chose existe-t-il dans le budget de la ville allant dans cette direction ? Nous ne le saurons pas puisque que personne n’a posé la question, et la presse locale ne fait pas non plus le lien. Quelle place pour le débat public ?
Autre exemple : la rénovation  des Favignolles va bientôt commencer. La consultation populaire annoncée par le biais du « conseil citoyen » a-t-elle réellement eu lieu ? Personne ne demande de comptes là-dessus, pas une seule question au moment du budget (alors que cela fait partie des investissements mentionnés).
La démocratie, ce n’est pas juste la critique en bouche à oreille, 
c’est plutôt être écouté et entendu.
Pourtant, à Dialogues à gauche, nous savons que ce conseil citoyen, censé être ouvert à tous les citoyens dans ses réunions régulières, ne s’est jamais encore réuni en s’ouvrant à tout le monde. Pourquoi les élus  ne consacrent-ils pas une réunion, à l'image de celles organisées certains mercredis matins par la maison de quartier, en invitant toute la population des Favignolles (habitants, commerçants, professionnels) à s'exprimer, et faire un lien avec le conseil citoyen?
Mais ni lors de réunions existantes ni ponctuellement, aucun élu n’annonce son déplacement pour écouter la population, en l’invitant largement, condition nécessaire à la confiance des gens dans une réunion jugée digne de ce nom.

Pourquoi les élus ne vont-ils pas écouter les gens sur tous les temps qui précèdent la livraison des logements neufs, comme à Romo 1 ou à Saint-Marc : la démocratie n’est pas une succession de cérémonies pour se féliciter des résultats.
Les conditions sont-elles créées pour que les citoyens s’impliquent ? Ce serait pourtant la condition pour que les dépenses effectuées (et l’enveloppe pour les Favignolles est conséquente) correspondent aux attentes et aux besoins. Qui s’en inquiète au Conseil municipal ? Personne, semble-t-il – en tout cas personne ne prend la peine d’exposer le souci qu’il ou elle en aurait.

Nous étions quatre membres de Dialogues à Gauche dans le public le 11 comme le 31 mars, les rangs étant occupés aux deux tiers, puis aux trois quarts. Quelques membres du conseil municipal ont une haute idée de la démocratie, est-ce en procédant ainsi qu’ils la défendent ? Nos comptes-rendus et analyses vous permettent de vous faire votre opinion.