1. Quelques mots d’abord sur les contraintes qui pèsent sur ce budget :
D’une part, les contraintes nationales qui résultent de la politique conduite par Sarkozy depuis cinq ans. Cette politique a malmené les collectivités locales.
On le voit à au moins deux indicateurs dans le budget municipal.
Premier indicateur
Pendant
que le produit des impôts et taxes augmente de 3,85 %, soit près de
600 000 euros (en 2011, c’était déjà 4,45 %), les dotations pour le
fonctionnement attribuées par l’État baissent de 3,19 %, soit 300 000
euros, et 500 000 euros sur deux ans. Pour 1,2 millions d’euros d’impôts
locaux en plus sur deux ans, ce sont donc 500 000 euros en moins reçus
de l’État. Sarkozy a donc fait payer au peuple le désengagement de
l’État.
Deuxième indicateur
Les
subventions accordées aux sociétés HLM Jacques Gabriel et Terre de Loire Habitat, pour un total de 312 348 €, sont en partie un choix
municipal, mais résultent aussi du désengagement de l’État sur le logement social.
Pour
ma part, à l’inverse des droites diverses qui siègent dans ce conseil,
j’attendrais donc un changement radical de politique nationale à l’égard
des collectivités, avant de réclamer un abaissement des taux communaux
d’imposition.
Car il faut bien répondre aux contraintes locales
qui pèsent sur ce budget. Nous avons affaire à une population en partie
paupérisée, victime de la désindustrialisation, confrontée au chômage,
aux emplois sous-payés, au retrait des services publics (tribunaux,
éducation nationale, poste …). Sur ce plan, Dialogues à Gauche apprécie
l’augmentation de la participation de la ville au CCAS ( + 45 000€) ou
encore, le maintien, après des années de baisse, du volume global des
subventions aux associations. Nous pensons que d’autres, à votre place,
n’auraient pas nécessairement fait de choix-là.
2. Cependant, des divergences profondes demeurent entre la majorité municipale et nous sur l’orientation de la dépense publique :
D’abord sur l’emploi,
nous continuons à penser qu’une structure de développement économique
manque à la commune et à la communauté de communes. Ce qu’on observe
aujourd’hui en matière d’emploi, c’est plus du redéploiement que du
développement, alors même que depuis 2003, le déclin industriel a
appauvri les Romorantinais et la ville.
A notre sens, cette structure devrait travailler au moins dans deux directions :
identification et mise en synergie des secteurs industriels porteurs dans le bassin d’emploi, et développement des formations qualifiantes.
Ces deux points forts avaient d’ailleurs été mis en évidence par le forum organisé par la Région Centre à Romorantin le 1er
février 2011. Le forum a-t-il eu des suites ? À l’occasion de ce forum,
des bonnes volontés et des compétences locales s’étaient dites prêtes à
travailler sur le développement économique, pour peu qu’on les
sollicite. Là aussi, où en est-on ?
La
structure que nous proposons est-elle finançable ? Nous avons une
proposition sur ce sujet. En effet, nous constatons, dans ce budget, que
les chapitres : annonces/insertions, fêtes et cérémonies,
catalogues/imprimés, publications,
voyages/déplacements/missions/réceptions, augmentent au total de 65 000
€. Nous proposons que cette augmentation soit annulée et basculée pour
le financement de la structure de développement économique.
Deuxième divergence de fond : l’aménagement de la ville, avec une orientation écologique très insuffisante :
Par
exemple, en octobre 2010, lors de la commission de circulation, avait
été évoqué un début de réflexion sur un centre ville plus piéton et plus
cycliste … Aucune suite, aucune traduction budgétaire. Nous souhaitons
que la ville aille dans ce sens, au moins pour les jours favorables au
commerce dans un premier temps, de même que nous rappelons la nécessité
d’un réseau cohérent de pistes cyclables, passant notamment par les
établissements scolaires. Nous préférerions voir dépenser l’argent
public dans cette direction plutôt que dans celle de la vidéo
surveillance (plus de 110 000 €).
Deuxième
exemple au chapitre de l’écologie : au financement du traitement des
eaux de rinçage de fûts de produits phytosanitaires, pour 3 800 €, nous
préférerions l’engagement de la ville dans l’objectif « Zéro
pesticide », à l’image de ce que font les communes avoisinantes.
Enfin, troisième divergence de fond, sur les équipements dont la ville a besoin:
· Nous continuons à
mettre en doute la nécessité qu’il y avait à regrouper dans un même
endroit, le pôle économique et social, ce qui existait ailleurs, et
parfois dans des locaux neufs, le tout pour 2 millions d’euros (part de
la ville).
· En
revanche, nous pensons qu’après la fermeture regrettable de la piscine
d’été, il faut travailler sur le projet d’un véritable espace estival de
baignade et de loisir nécessaire pour les touristes, pour les gens
modestes qui ne partent pas en vacances, pour l’attractivité de la
ville. Est-ce finançable ? Nous constatons qu’au final, beaucoup aura
été dépensé pour le remplacement de l’ancienne piscine d’été par le
complexe de pétanque et par une structure de « substitution » dans le
camping (réservée aux touristes), et pour que la piscine d’hiver
ressemble, quelques mois par an, à une piscine d’été. Ce qui a été fait,
avec la disparition de la piscine d’été, est pour nous une erreur. Et
pour une autre structure, puisqu’on ne peut plus revenir à l’ancienne,
le recours à l’emprunt ne serait pas condamnable en soi, puisque entre
zéro euro de dette par habitant, et plus de mille comme dans d’autres
villes, il y a de la marge.
En raison des divergences précédentes, Dialogues à Gauche votera contre le budget.
Précision : nous nous sommes abstenus pour le vote spécifique concernant les taux communaux d’imposition.
Réponses du maire :
elles furent très faibles, à côté de nos questions, le plus souvent
prononcées avec le ton courtois mais méprisant et condescendant des
grands jours. Ainsi, le développement économique, « il s’en occupe »
(notre proposition a donc été déclarée « nulle »). La circulation
piétonne et cycliste ? « Regardez la rénovation des magasins en ville »
(quel est le rapport ?). Et dans les trois ans qui viennent, l’écologie
passera au second plan, car il faut bien finir Romo 1, Romo 4, St Marc …
Et ainsi de suite !
Compte-rendu rédigé par Yvon Chéry