COMPTE RENDU DU CONSEIL COMMUNAUTAIRE
DU VENDREDI 3
AVRIL 2015
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… ou
la vie politique locale menacée de
mort par elle-même
Après les apparentes empoignades de
la campagne départementale entre PS (devenu sans étiquette), Droite et FN, les
trois se retrouvaient autour de la table communautaire le 3 avril. Après la
tempête, le calme plat !
ORDRE DU JOUR : le budget 2015, avec près de 20 millions d’euros en
jeu (budget principal et budgets annexes), pas une paille ; l’installation
du très haut débit sur 5 ans avec 2,4 millions d’euros de contribution
communautaire, pas une paille non plus ; et une contribution à une rénovation
de logements qui se finit par une hausse des loyers, de quoi réveiller la fibre
sociale des plus endormis …
Un novice pourrait s’attendre à un
débat nourri, car au-delà des trois tendances politiques, 15 communes sont
représentées …
Les habitués, eux, n’auront pas été
surpris : une heure de pièce tragi-comique écrite pour un acteur et une
quinzaine de figurants, dans laquelle les bras se lèvent en cadence, et zéro
question !
A Dialogues à Gauche, nous ne nous
habituons pas à la mascarade démocratique !
è SUR LE BUDGET, peut-on
prétendre représenter les citoyens sans s’interroger publiquement sur la
destination des 20 millions d’euros ?
Or, il faut bien constater que la
communauté de communes se contente d’accompagner les « initiatives »
(comme le déplacement de Prolitol d’un site à l’autre, ou comme la rénovation
de l’habitat), mais ne semble pas porter, par elle-même, un projet structurant
de développement. Qui pense encore ? et à quoi ?
Ne parlons pas d’une éventuelle
condamnation des politiques d’austérité assèchent les finances
locales !
è SUR LES LOGEMENTS SOCIAUX. La
communauté de communes subventionne à 30 % la rénovation tant attendue par les
locataires de la petite cité HLM située rue Olympe de Gouges (donnant dans la
rue Ovide Scribe). La subvention est motivée
par le souhait légitime des élus que Terre de Loire Habitat ne pratique
pas une augmentation trop forte des loyers. Ce que craignaient les locataires.
Mais à l’arrivée, ce sera tout de même 54 € de plus par mois pour certains
locataires, soit plus de 600 € annuels. N’est-ce rien dans un budget
modeste ? N’y a-t-il pas double peine pour les locataires : d’abord
un logement insalubre sans diminution de loyer, puis une augmentation de
loyer ?
Les élus auraient pu proposer un
remboursement du trop payé pendant tant d’années ! Mais aucun élu n’a fait
une quelconque remarque …
è SUR LE TRES HAUT DEBIT. On se rappelle que la ville de Romorantin
bénéficie, en tant que ville importante au sud de Blois, de la prise en charge
complète par France Télécom-Orange de la mise en place du très haut débit sur
toute la ville, dans tous les quartiers.
Ailleurs dans la communauté de
commune, ce n’est pas la même chose. Là, il faut que l’argent public paye
directement.
Pourquoi ? Pour avoir internet à
très haut débit ? Oui, mais personne ne pose la question « Pour quoi ?
pour quoi faire ? ». Le sens, ça n’intéresse personne ? Les
citoyens, que pourront-ils en faire du très haut débit ? Cette absence de
questions, c’est ça qui est inquiétant, car là-dessus, qui pourrait se vanter d’avoir
des certitudes ?
Encore une fleur qu'on oublie de faire fleurir à Romorantin : la démocratie, la vraie, par la variété pour jardin uniquement... (photo CC - Romorantin avril 2015) |
Citons Romain Lacombe, qui a
travaillé à la modernisation de l’Etat pour Etatlab : « Notre
administration est conçue pour un monde qui ne bouge pas alors que nous faisons
face à une accélération du rythme des changements. Toute notre organisation
publique est encore empreinte d’Ancien Régime. Nous en avons gardé un tropisme
pour les grands projets, on adore les réseaux, la fibre, le TGV. Mais on ignore
superbement les usages, alors que ce sont eux qui font tout le caractère révolutionnaire
du numérique et la puissance des géants d’internet » (Cité par Laure
Belot, La déconnexion des élites, Les
Arènes, 2015, p. 172)
Et il ajoute, comme s’il avait
expérimenté les remarques de Jeanny Lorgeoux sur le sujet : « J’ai vu
des hauts-fonctionnaires qualifier ces questions de « joujoux » et de
« bla-bla » de sujets de saltimbanques alors que ce sont aujourd’hui des enjeux qui revêtent une importance géopolitique. »
Mais comme Dialogues à gauche n’avait
pas le droit à la parole pendant le conseil de communauté de commune, il n’a
pas pu montrer de façon aussi éclatante combien il n’avait rien compris à l’intérêt
du très haut débit pour le monde rural, pour les citoyens, pour l’emploi, pour
les services publics, … évidemment, aucun de ceux qui avaient le droit de
parler n’avaient davantage réfléchi à la question… Au lieu de ça, l’orateur a
trouvé de quoi réaffirmer sa position dominante traditionnelle de patriarche,
avec les mots qui lui sont associée, ceux de la domination sexuelle ! Eh
oui, un budget riche, c’est un budget fécond ;
une belle mise en œuvre, c’est tout de suite mieux quand on parle d’abord d’érection, avant de déflorer … Quand on est un homme, qu’on a du vocabulaire, qu’on est
très puissant, il est bon de choisir ses mots, pour faire comprendre à tous par
qui on se fait b…ercer !
La nécessité d’une sixième
république, démocratisant toutes les institutions, est plus que jamais
d’actualité. Imaginons par exemple que le public des conseils municipaux et
communautaires soit autorisé à poser des questions …
Aux électeurs du Front National, nous
tenons à signaler que leur représentant s’est inclus dans le système politique
qu’il fait mine de dénoncer, en n’interrogeant sur rien.
A présent, la balle est dans votre
camp : faites connaitre ce compte-rendu, débattez à votre niveau sur la
politique menée, bref, comme nous, faites vivre la politique à Romorantin !
On lâche rien !
Les membres présents
dans le public : Yvon, Chantal, Geneviève et Aurélia.